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blog ouvert sur le théâtre vivant. Vie, avis et projets d'une troupe d'étudiants en formation de comédien en atelier theatre à Mantes-la-Jolie, près de Paris
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L'Illustre Théâtre : théâtre itinérant, le retour !

, 06:48 - Lien permanent

Le soir, l'Illustre Théâtre donne rendez- vous aux villageois sur la place ou, selon la météo, sous un abri de fortune. L'accès aux représentations est gratuit. "A la fin, nous faisons tout simplement circuler le chapeau"...

Ils ont choisi une vie de bohème, sur les routes de campagne, pour l'amour de la langue française... Pour la troisième année, cette troupe de jeunes acteurs revenue aux sources du théâtre va sillonner durant quinze jours le Plateau picard.

SUR une vieille charrette, ils sillonnent jusqu'à la mi-juillet les chemins du Plateau picard.Aux habitants qu'ils trouvent sur leur trajet, ils offrent une représentation en plein air des « Fourberies de Scapin ». L'objectif de cette tournée peu commune : « Faire revivre l'ambiance de l'époque de Molière », comme le résume Nicolas Candoni, l'un des membres de la troupe.

C'est la charrette qui sert de scène. La musique du texte et le talent des acteurs font le reste.

Car en résonnant sur les places des villages, les répliques de Scapin, Léandre ou Géronte retrouvent finalement tout leur sens. Les jeunes interprètes, tous acteurs en formation, ont emprunté jusqu'à leur nom au maître du genre. L'Illustre Théâtre a été nommé ainsi en l'honneur de la troupe que Jean- Baptiste Poquelin fonda avec ses amis, dont la comédienne Madeleine Béjart. A l'instar de Molière, la compagnie oisienne porte haut les couleurs de la comédie populaire. Comme le faisaient les artistes au XVIIe et jusqu'au début du XXe iècle, les jeunes commencent le spectacle bien avant le début de la représentation. « En arrivant dans chaque village, nous faisons une parade en costumes, avec du jonglage et des cracheurs de feu, pour signaler notre présence, raconte Nicolas Candoni. C'est comme cela que faisaient Molière et sa troupe...»

Le soir, l'Illustre Théâtre donne rendez- vous aux villageois sur la place ou, selon la météo, sous un abri de fortune. L'accès aux représentations est gratuit. « A la fin, nous faisons tout simplement circuler le chapeau. Les gens nous paient avec de la monnaie s'ils le veulent, mais ils nous font aussi souvent des gâteaux ou nous ramènent des bouteilles. » Le concept est simple, mais n'a rien perdu de son efficacité au fil des siècles. Depuis le début de cette aventure, il y a trois ans, les acteurs de l'Illustre Théâtre ont tissé des liens privilégiés avec les villageois. Cette année, ils retrouvent certaines communes déjà traversées et élargissent le champ de leur tournée. Les habitants ne s'en lassent pas puisqu'ils découvrent à chaque fois une pièce différente. « Les Fourberies de Scapin » succèdent ainsi à « l'Illusion comique », de Corneille, et au «Médecin malgré lui », deMolière. « Nous espérons seulement que la météo sera avec nous, pas comme l'été dernier, souligne Nicolas Candoni. Mais nous avons toujours une solution de repli et nous nous réfugions sans hésiter dans des granges de ferme ou des préaux d'école. »

Quand ils ne sont pas dans les villages, les jeunes acteurs sont sur la route, progressant aux côtés d'un robuste cheval qui tire leur matériel. A raison de 15 km par jour, ils suivent un itinéraire sinueux sur le Plateau picard. Ces transitions sont aussi importantes que les soirées sur scène. « C'est l'occasion pour les gens de nous voir. » Le convoi ne passe en effet sûrement pas inaperçu. D'autant que la troupe ne se contente pas de marcher dans la campagne : elle est aujourd'hui en ville, à Clermont.

Ne manquez pas cette petite bulle de fantaisie et de rêve si l'Illustre Théâtre passe à côté de chez vous. Cette année, le comédien, auteur et metteur en scène professionnel Dominique Durvin (Premier Prix du Festival d'Avignon et du Festival international d'Edimbourg) a chapeauté le travail de cette dizaine de jeunes acteurs en formation. Tous passionnés par le théâtre du XVIIe et la comme diadell'arte, ils sauront vous transmettre leur flamme.



Texte original sur leparisien.fr