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Christine Fersen

, 09:06 - Lien permanent

La doyenne de la Comédie-Française avait joué Médée, Lucrèce Borgia…

Christine Fersen, une reine sort de scène Disparition. La doyenne de la Comédie-Française avait joué Médée, Lucrèce Borgia… R.S.

QUOTIDIEN : mercredi 28 mai 2008



Quelle présence ! Cheveux roux, voix rauque et port altier, elle était depuis plus de quarante ans l’une des figures majeures de la Comédie-Française. Aimée, admirée, redoutée, elle ne suscitait jamais l’indifférence. Christine Fersen, la doyenne de la troupe, la Reine Christine ainsi qu’on la surnommait déjà petite fille, est morte accidentellement lundi soir à Paris, à l’âge de 64 ans.

Eloquence. Elevée en banlieue parisienne (Suresnes, Nanterre) elle y est l’élève brillante, issue d’un milieu modeste et sans joie, qui voit dans la culture la seule issue. Forte en thème, elle cultive très tôt la passion de l’éloquence. Repérée au Conservatoire par Maurice Escande, administrateur de la Comédie-Française, elle entre au Français dès 1965.

Médée, Gertrude, Lucrèce Borgia, elle y interprète des dizaines de rôles d’héroïnes, de mères, de reines, comme autant de causes à défendre, avec une exigence qui ne souffre pas le relâchement.

Sa puissance et son goût de la langue la mènent naturellement vers un répertoire tragique. Mais celle qui disait «ne pouvoir respirer qu’aux extrêmes» et que rattrapait souvent la mélancolie, avait aussi remporté au Conservatoire un prix de comédie et affirmait regretter ne pas avoir plus exploité cette veine. Soucieuse de préserver la tradition de la diction, elle n’avait aucun goût pour le conservatisme en matière scénique, attirée par des metteurs en scène singuliers: Claude Régy, Luca Ronconi, Antoine Vitez ou plus récemment Bob Wilson et Piotr Fomenko.

Parce qu’elle ne s’imaginait pas ailleurs que sur une scène, elle n’aura presque pas approché le cinéma. Victime durant quelques années de l’ostracisme d’un administrateur du Français qui cherche à s’en débarrasser, elle tient bon, et participe à des aventures sur d’autres plateaux (le Visage d’Orphée d’Olivier Py, les Paravents de Genet, à Nanterre).

Ces dernières années, elle avait retrouvé toute sa place dans la troupe. Le jour de sa mort, elle était, paraît-il, en colère contre elle-même, déçue d’une représentation de Yerma de Lorca au Vieux Colombier, la dernière pièce où elle aura joué.

Hantée par un drame personnel (la mort d’un enfant), en lutte permanente contre les enfers de l’angoisse, Christine Fersen voyait dans la scène bien plus qu’un dérivatif : une place forte, l’endroit où, même assiégée de dangers, elle n’avait enfin plus rien à craindre.



Texte original sur liberation.fr

Commentaires

1. Le lundi 9 juin 2008, 00:23 par Han

Sachez que Christine Fersen n'a JAMAIS joué dans Yerma au Théâtre du Vieux-Colombier. C'est Catherine Salviat qui a joué le rôle de Dolorès dont il a été question que Christine Fersen joue au début du projet. Elle n'a visiblement pas était en mesure d'être "en colère avec elle même".
Merci de rectifier cette fausse information.
La seule chose véritable est qu'elle préparait son prochain rôle pour rentrée dans Fanny de Pagnol.

2. Le lundi 9 juin 2008, 17:44 par Marc

Qu'entendez-vous par "Elle n'a visiblement pas était en mesure d'être "en colère avec elle même".?